Soum de Coste Oueillère
Ski de Randonnée. Hautes-Pyrénées – Vallée de Campan – Granges de Camoudiet : 1 438 m. – vers Soum de Coste Oueillère (2 453 m.) – Crête : 2 380 m.
Infos :
- Dénivelé cumulé : 980 m
- Distance : 9,400 km
- Durée : 5 h 48 (arrêts compris)
- Vitesse maximale : 40 km/h
- Niveaux Physique : 2
- Niveaux Technique : 2
Meteo

Carte
Festival de ski

7 h, je retrouve Philippe BD., Cécile G., Philippe Ch.. Nous nous rendons à Payolle et par la route sans neige aux cabanes de Camoudiets. La température est de moins deux degrés. Le ciel est voilé avec quelques apparitions du soleil.
8 h 35, nous portons les skis 10 minutes avant de trouver de la neige. Après les Quatre Véziaux le cheminement passe au-dessus du ruisseau de Camoudiet et la Fontaine des Passants en direction du sud-ouest. Peu à peu les pentes se relèvent frôlant de hautes falaises au Clot det Mail.

Afin d'éviter de gravir directement un large couloir très raide nous effectuons de larges virages et des conversions pour des traversées en neige gelée où les couteaux deviennent indispensables. Malgré tout le rythme est soutenu (400 /h). Avant le col un long mur de neige est à franchir. Les conversions s'enchaînent, en direction ouest.
Soudain le paysage devient complètement blanc. Ciel et sol se confondent. De plus, Philippe Ch et Cécile ont disparu de la vision. C'est le « jour blanc ». Invisible, je m'écarte des traces. Le relief a disparu ! Dans ces conditions continuer à monter est aléatoire. Nous décidons avec Philippe BD. de nous arrêter là, de descendre un peu pour établir une plate-forme et se préparer à la descente.

À peine prêts nos amis arrivent du Soum de Coste Oueillère et le jour blanc se dissipe ! En face Est, des skieurs de randonnée montent au pic sans nom. Nous plongeons dans le mur de neige fraîche par une fine couche déposée dans la nuit sur le manteau gelé. Ceci facilite la glisse, même si dans les virages les skis crissent arrachant la pellicule de poudreuse. Alors nous arrivons sur des petits rochers posés sur une vire et nous déjeunons.

Le moment vient où foncer dans les larges pentes et couloirs de neige, frôlant les falaises de Sarrat de Las Lourides, se transforme en extase. La poudre y contribue certainement, non par aspiration mais par sublimation. C'est alors qu'un festival de ski se déroule. Nous en sommes les acteurs et même les artistes (en toute modestie, bien entendu...).
Une symphonie en ski majeur s'organise spontanément, avec un sens de l'improvisation reconnue des grands chefs d’oeuvres et ceux qui la joue. C'est ainsi que Philippe Ch. godille comme un dauphin pourfendant les vagues de neige en pleine vitesse puis disparaît derrière les dômes pour réapparaître beaucoup plus bas.

Tandis que Cécile affine sa technique de l'anguille des neiges, glisse entre les bosses, laisse une trace sinueuse de courbes élégantes et raffinées. Philippe B. fonce comme un projectile à tête chercheuse et d'instinct absorbe le relief. Tous les deux nous passons sur une plaque à vent qui glisse à peine bloquée par les parois des crêtes au-dessus.
Dans un élan de compétition Philippe Ch. chute se blessant au genou. Heureusement il repart avec toujours autant de style. Profitant des dernières pentes de neige le slalom se poursuit entre les rochers et genévriers. Le rythme ralentit. Le manteau neigeux s'effiloche. Nous portons les skis jusqu'au véhicule à 14 h 20. La séance est finie, mais quel festival !